Tuesday, June 25, 2013

Restaurants et langage des signes





Il y a deux « Diplomates » à Washington,  le restaurant au décor neutre mais gastronomique de l’ambassade de France, et le nouveau restaurant pas gastronomique mais qui se rattrape sur la déco et qui fait fureur puisqu’on doit réserver au moins deux mois à l’avance. Dans l’entrée,  de pleines corbeilles de vraies baguettes nous accueillent, juste devant l’énorme bar.  Le ton est donné. Une foule s’y compresse et le bruit monte à des niveaux apocalyptiques. Ce qui ne gêne personne. Les américains, dés le berceau, apprennent à s’exprimer avec assurance, donc à parler fort, en articulant bien. Cela se ressent dans les restaurants à un tel point que les critiques gastronomiques sont équipés de machines à mesurer les décibels et notent à la fois le menu et le son.  J’ai dit à ma prof d’anglais que nous les français, au restau, on ouvre la bouche surtout pour manger. Evidemment c’est de la mauvaise foi. Le propriétaire du Diplomate a transposé fidèlement, dans la 14th Street le décor d’une brasserie parisienne. Sur le mur à l’intérieur, « Blanchisserie de Chemise »  est écrit en blanc sur fond de carrelage vert, style Art Nouveau. Moi j’aurais mis « chemise » au pluriel. Le Chef n’a pas complètement assimilé le vocabulaire français car il sert du pâté de foie sous l’appellation  « foie gras ».  L’erreur  du patron a été aussi d’oublier que l’acoustique d’un lieu qui se voulait typiquement Frenchie devait être adaptée aux cordes vocales américaines-quand-elles-sont-imbibées-d’alcool. Quand je suis allée boire un verre de Sancerre (en fait deux et demi) avec des amis, je me suis explosée les cordes en essayant de communiquer. J’en suis sortie enrouée, presque aphone.  La surdité précoce est-elle considérée comme une maladie du travail dans les métiers de la restauration ?

Prochaine étape, après l’anglais, apprendre le langage des signes ?


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