Quand j’ai obtenu ma maîtrise de droit à la Sorbonne, j’ai reçu un bout de papier par la poste, un genre d’attestation, point. La Sorbonne ne m’a jamais demandé d’argent, juste un peu pour les polycopiés des cours et la sécurité sociale. Merci au contribuable français de m’avoir payé mes études. Je ne pouvais pas demander qu’il m’offre le Champagne en plus.
J’étais à la remise des diplômes de Maîtrise de John Hopkins, prestigieuse école de relations internationales sise à DC. Des frais scolaires pharamineux que je ne vous raconte pas. Les pauvres étudiants sont endettés pour la vie. D’ailleurs la question maintenant est de savoirs’ils vont tous rembourser.
Si, normalement, le diplôme fournit un passeport pour du boulot haut de gamme, de nos jours, on n’est plus sûrs de rien. En tout cas la cérémonie, comme dirait mon fils, ça pétait haut.
Les élèves étaient tous enveloppés dans des toges noires bordées de satin bleu roi et béret carré à pompon, le « mortarboard ». Cela ne veut pas dire « moteur de hors-bord » et pourtant de nos jours ce diplôme devrait les propulser comme une flèche sur l’océan de la vie. Non, ce couvre-chef symbolise la palette de mortier utilisée par les maçons.
Un orchestre a joué l’hymne américain en introduction à la cérémonie et plus tard du Beethoven (la musique du film de Stanley Kubrick, Orange Mécanique). Décidément Beethoven est apprécié des institutions
Dans son discours, le Président de l’école a rappellé que les 400 élèves de la promotion 2013, représentant 57 nationalités, feraient bientôt partie de la future élite mondiale. Parents et amis, contemplaient ce jour-là, avec fierté et émotion (et beaucoup d’attentes j’imagine) cette assemblée de futurs ministres, ambassadeurs et présidents de multinationales.
Ils étaient plutôt fatigués les futurs leaders, sans doute sous l’effet conjugué des examens de fin d’année et des fêtes qui les avaient suivis.
Sur l’estrade, le corps universitaire était vétu de toges rouges, or, roses, avec des chapeaux bizarres. On se serait cru à la Cour du Roy Louis XI mais sans troubadours ni Fou. Quoique…
L’invitée de marque, Christiane Amanpour, est une star de CNN, la chaîne d’information créé par Ted Turner. Elle a démarré son long discours par un plaidoyer « pour combattre le non ». Il ne fallait jamais baisser les bras, comme elle, petite iranienne venue étudier aux Etats Unis, à l’époque où son pays n’était pas en odeur de sainteté et cela ne s’est pas arrangé depuis. Elle avait su gravir tous les échelons de la célébrité, tout en restant simple. La preuve c’est que : « quand j’arrive à l’aéroport, j’accepte que des gens puissent ne pas me reconnaître ». C’est fou non, une telle humilité ? Ensuite les 57 nationalités fatiguées ont subi un discours sur la nécessaire hégémonie américaine dans le monde. « L’Amérique est indispensable, là où elle n’est pas, les choses vont beaucoup plus mal. Dieu est avec nous, il nous encourage à lutter pour la liberté, la vérité, la démocracie etc…».
La capacité d’intégration de cette dame d’origine iranienne aux Valeurs Américaines conservatrices est phénoménale.
Je me demandais ce qu’en pensaient ces frais diplomés qui avaient étudié depuis deux ans les relations internationales américaines. Leurs dissertations étaient-elles arrivées aux mêmes conclusions ?
Après les diplômes, la fête. Le thème cette année des futurs leaders du monde c’était la soirée Jort, short en jean coupé le plus court possible, pour filles et garçons.
Heureusement que je n’étais pas invitée.
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