Premier week end à la mer, dans le Delaware à 150 miles de Washington sur l’ Atlantique, on a loué une Chevy Impala et écouté de la musique sur l’autoradio pendant tout le voyage. Il y a des chaines de musique pour chaque décennie : 40s 50s, 60s, 70s… elles ont diffusé tous les tubes de ma jeunesse, les Four Tops, Otis Reding, les Platters « oh oh only youuuuuuu »….
La côte est très construite, la plage est bordée des fantasmes architecturaux de leurs propriétaires.
Ocean City, la grande station balnéaire, est une ville fantôme en février, elle est traversée par une rue principale de 20km bordée de barres d’immeubles en front de mer, et de l’autre côté par des malls commerciaux et des parcs d’attractions déserts, d’où surgissent des dinosaures, des vaisseaux de pirates grandeur nature, des toboggans aquatiques, des mini golfs pleins de Mickeys, des grandes roues, tous abandonnés.
Au bout d’Ocean City il y a une merveille PRESERVEE, Asseateague, une île sauvage très longue qui s’étire parallèlement à la côte, sauvage, une immense plage coté océan et des marais ou courent des poneys. La palette va du bleu océan au blanc des dunes et aux marais roux comme la robe des poneys. A l’entrée, le ranger (so viril) nous a prévenu de ne pas nous en approcher, ce sont de méchants poneys et pour le prouver il nous a distribué des photos de morsures de touristes.
On a déjeuné a Berlin, une ville de brique rouge restée intacte depuis le 19eme, on aurait presque envie de dévaliser la banque avec un foulard sur le nez. Au bar du resto de l’hôtel Atlantique il y avait une réception post obsèques très enjouée et chic, les femmes en soie, très maquillées, les petites filles avec de belle robes de princesses, tout le monde très élégant comme pour un mariage mais en total noir, et très sérieusement éméché, donc beaucoup de décibels. Ici on parle et surtout on rit très fort comme si la voix devait couvrir les grands espaces américains.
A Washington, dans mon quartier, les riches, ceux qui ont la chemise blanche, sont en général blancs . A Dupont tous ceux qui font la manche sont noirs, hommes et femmes, ils trimballent leurs affaires dans des caddies au milieu des joggeurs et des gens qui partent bosser. Souvent ils parlent tous seuls très fort et interpellent les passants comme s’ils étaient en colère. L’autre jour il y avait aussi un chinois avec tout son barda surmonté d’un écriteau « Chen li jong, find me on face book » . J’espère qu’il a pu se faire des amis.
A la caisse du supermarché, dans les transports, à la poste, les employés sont en général noirs, vigiles, concierges, agents du métro, taxi, chauffeurs de bus, employées des crèches qui baladent des grappes de petits blancs, les promeneurs de chiens (aussi latinos, comme les serveurs dans les restaus et les métiers du bâtiment). Les femmes noires peuvent être adorables, dans les bars ou le bus elles t’appellent darling ou sweetie et te souhaitent plein de truc sympas, à la belge. Mais, pas du genre patientes, elles peuvent être brutales et t’envoient balader très vite si je comprend pas. J’ai lu dans le journal, qu’on reprochait à Michelle Obama son caractère coléreux, mais je ressens cette colère chez elles aussi.
Kennedy Center, Le Lieu culturel de Washington, est surtout fréquenté par les blancs sauf quand il y a des concerts Gospel ou la troupe de danse Alvin Ailey, enfin c’est ce que m’a dit Sylvie ici depuis trois ans. En effet, l’autre soir quand l’orchestre symphonique jouait Rachmaninoff, le percussionniste qui trônait en haut au milieu de l’orchestre symphonique était le seul noir d’une salle qui ne voyait que lui !
Dans le programme du spectacle figure la liste des donateurs et les plus généreux ont droit à leur photo. Ils ont en général 70 ans et à leur bras une jeune épouse très décolletée et bijoutée, je devine que cette jeunesse là cache des prouesses de chirurgie esthétique. On a vu à la cérémonie des Oscars que personne ne fait son âge, finalement, avec un peu d’entretien.
Ce sont de gentilles dames d’un certain âge qui font les ouvreuses, toutes des bénévoles, elles prennent leurs responsabilités très à cœur et on se fait sévèrement gronder si on ne s’assoit pas à la bonne place. De toute façon ici la Loi est sacré, si t’obtempères pas t’es mort.
Les anges bénévoles sont aussi là dans les musées et se plient en quatre pour tout t’expliquer. En revanche j’ai repéré qu’il y a dans les cafet de tous les musées de Washington un réseau d’éthiopiennes. Comment le sais-je ? Parce qu’elles réagissent toujours à mon écharpe qui vient de leur pays !
Au musée , la galerie nationale, la collection de peinture française est impressionnante, notamment les impressionnistes grâce aux collectionneurs tel un certain Chester qui a légué plus de 350 tableaux de Renoir, Manet et autres merveilles, nous explique la commissaire chargée de nous faire visiter à nous le groupe cosmopolite d’épouses des fonctionnaires du Fonds Monéraire International. Elle démarre avec Courbet, « peintre natif d’Ornans » . Comme les chinois et autres béotiens du groupe ne connaissent pas, je dois expliquer que c’est proche de Besançon, chef lieu du Doubs, ce qui les a bien éclairés. Je leur ai épargné « c’est là d’où vient ma famille paternelle ». Salle d’après « les nombreuses marines qu’il a peintes à Deauville » ( je m’abstiens de dire que j’étais au lycée en face de cette plage) et puis c’est Toulouse Lautrec et ses petites femmes de Pigalle (j’habitais là, mais encore une fois je la ramène pas).
Finalement j’ai craqué au Manet
montrant une petite fille qui regarde les rails de chemin de fer à travers les grilles du square des Batignolles. « Comme mes enfants, on habitait là » j’ai dit, elles m’ont regardée d’un drôle d’air…en plus la veille, l’Artist, avait remporté les Oscars, donc les français ça commençait à bien faire.
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