Mai, Washington et François

Je commence à m’américaniser, je me vois moins comme une espèce exogène.  J’ai pas encore la queue de cheval, je continue à boire des expresses"comme à Paris", je courre pas, mais j’ai des nike neuves, je mange bio mais je n’arrive toujours pas à payer 360 dollars pour une visite chez un médecin. Ici c’est un vrai sujet pour les expat et leurs assurances maladies tombent en faillite dés qu’ils ont un rhume.

Comme j’avais de la visite, on a «fait» les incontournables de Washington, le Mall (prononcer môle), le coeur de la ville, au bord du Potomac, immense esplanade au tour de laquelle alternent les Institutions, Maison Blanche et bâtiments du gouvernement, le Capitole, les musées (immenses et gratuits) et des jardins où se succèdent les memorials des nombreuses guerres américaines, et de ses héros. Le monde entier se photographie ici devant Abraham Lincoln, Martin Luther King et le mémorial de la guerre du Vietnam. Juste en face ll y a l’énorme Pentagone et l’immense cimetière d’Arlington qu’on a visité avec 150 jeunes d'une école Géorgienne, en tee shirt «In God we trust». 

Tout cela a été conçu par  Lenfant, architecte français, venu très serviable, avec Lafayette, bouter les anglais. Tout est blanc, gréco romain, et la plupart de l’espace est consacré à la guerre, aux guerriers, à ceux qui la préparent, à ceux qui la font et en sont morts. Et partout on parle de la conquête de la liberté. Pentagone city, sombre masse, fait face à la Maison Blanche de l’autre côté du Potomac, c’est comme son nom l’indique une vraie ville en soi, dont la taille domine largement  l’ensemble.

Les élections, j’ai voté à l’ambassade, dans le bus  de Dupont on reconnaissait les français car ils avaient le Canard enchainé ou le Monde sous le bras, Sarko a fait ici 55%, j’ai eu les résultats à Ground Zéro à New York où on visitait le mémorial du 11 septembre, Liam m’a envoyé un texto du Cameroun où il y a toutes les télés françaises, un pays civilisé et sans décalage horaire.

Ici on a montré  brièvement à la télé l’investiture de Hollande, mouillé par la pluie, qui saluait la foule, le corps émergeant d’une voiture. J’avais du mal à y croire, il parait incongru, monsieur tout le monde président. Cela fait penser à James Stewart dans «Mister Smith goes to Senate», un vieux et célèbre film sur la corruption du pouvoir. 

De près il est plutôt cool, il sortait de chez Obama et nous a invité à un pince fesse à l’ambassade pour nous raconter ce qu’ils se sont dits, on a bu du Mumm, la France tient encore le coup. Je trouve que Valérie est plus belle que Carla mais tout le monde n’était pas d’accord avec moi. En partant il s'est approché de moi, on était dans une totale intimité, j’ai balbutié, émue, «monsieur le président, vous êtes si près de moi!» alors .... vive l’Amérique, vive la France !

Mon premier baiser présidentiel, oui j'étais consentante
(merci au charmant jeune homme de l'ambassade pour ce shot)

Après, l'ambiance était très décontractée, on se photographiait avec les ministres, sur le podium....

On mangeait des petits fours et on (moi) racontait à la télé les impressions du premier baiser (les lecteurs intéressés peuvent se procurer cet enregistrement  bientôt culte sur demande)