Chinatown est au centre de San Francisco, tu marches dans la rue, tu es en Amérique et tout d’un coup hop tu es en Chine, les maisons, les gens, ce qu’ils font, les magasins, ce qu’ils vendent, la musique, tu as basculé dans un autre pays.
Le quartier gravite autour d'un parc où se réunissent les personnes âgées, un orchestre accompagné de chanteurs et chanteuses, des messieurs qui jouent à toutes sortes de jeux, des groupes qui discutent à l’ombre, des dames qui méditent debout pour faire la publicité d’une technique de méditation.
Dans les rues autour sont ordonnés les magasins très bon marché, la clientèle de l’alimentation est exclusivement chinoise. Tout ce qui peut exister du règne végétal ou animal de mer (je n’ai pas exploré la viande) est là, la plupart est séché et assez inidentifiable, sauf les concombres de mer, les coquillages, poissons, champignons.
Côté poissonnerie et poulets, la clientèle de Whole Food, notre supermarché organic, s’évanouirait d’horreur, les gros poissons vivants, tirés de grands viviers glougloutants sont découpés devant toi et leur sang ruisselle sur l’étal, l’œil des poulets te lorgne, les tortues et les grenouilles attendent stoïquement leur destin fatal, stockées dans des bassines. Mais que font les défenseurs des animaux ? Ils craignent sans doute de finir séchés dans des bocaux.
Je suis entrée dans un couloir sombre qui annonçait « massage des pieds, réflexologie ». Une famille américaine y était alignée, étendus sur des fauteuils, le papa, la maman enceinte, les deux petits garçons de huit et quatre ans, tous les yeux fermés dans un état de volupté extatique, tandis que des dames leur enfonçaient doucement et fermement les doigts dans la plante des pieds. Je n’ai pas hésité et j’ai fermé les yeux, ratant la recette de bœuf à la Sezchouannaise sur le grand écran plat présentée par deux chefs en toque à une journaliste qui louchait, explications suivies avec attention par les employées masseuses.
Pour finir j’ai mangé des sushis dans des petits bateaux qui naviguaient dans une rivière qui coulait tout autour du bar.
Dommage que tu aies loupé la recette du boeuf à la Sezchouannaise. Moi j'avais loupé ce chapitre de ton blog. Heureusement que je l'ai trouvé maintenant en allant faire un petit tour du côté de chez Dupont (le dernier Proust), ça vaut le détour !
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