Quand je me suis inscrite au club de gym du District of Columbia Jewish Community Center, la belle Zorah m'a demandé si, accessoirement, j'étais juive, puis elle a dit que c'était pas grave si je l'étais pas et elle m'a donné mon badge magnétique pour pénétrer dans ce lieu si ouvert et si protégé. C'est un immense bâtiment classique, l'intérieur est tout ce qu'il y a de plus sobre, tout est beige. Chaque salle du Centre porte le nom du couple de donateurs qui l'a financée, Monsieur et Madame untel ont financé la piscine ou la salle de fitness, ou le gymnase, ou la salle d'exposition. Il y a aussi un théâtre mais je n'ai pas encore tout exploré.
Une fois passé le portique de sécurité, la gigantesque black réceptionniste, le canapé et les fauteuils en skaï marron, il y a a au fond du hall une dizaine de tables et un tableau noir qui annonce le menu, en général deux plats, soupe de légume et boeuf, poulet, poisson. Quand, en tenue de sport, je traverse le hall, dés 18 heures des couples dînent silencieusement, femmes longues jupes, chemisiers blancs, messieurs avec Kippa.
Un soir quand je suis passée pour aller nager, un pianiste jouait "la Mer" de Debussy au grand piano à queue, à côté des dîneurs, essentiellement des messieurs vêtus de costumes sombres.
L'expression Yiddish du jour pour un faiseur d'embrouille |
Quand je sors, à travers la porte vitrée de la salle à droite de la réception, j'aperçois des danseurs, des vrais, ils font la ronde et s'entrainent à une danse traditionnelle (comme dans Rabbi Jacob) ou bien des couples, quelques dames qui dansent ensembles, apprennent le tango. En ce moment la salle fait office de centre aéré pour les enfants en vacances, ce n'est donc plus du tout silencieux.
Il y a un centre de fitness au dernier étage, une grand pièce lumineuse avec des appareils, une dame black aussi gigantesque (cela doit être un critère de recrutement), en survet rose, tient la réception. Je suis passée un samedi matin faire quelques abdo à côté d'une sexa avec des nattes blondes interminables qui volaient dans l'espace au rythme de sa course sur un tapis. Le couloir était un parking de poussettes, une dizaine de nounous centraméricaines attendaient en discutant en espagnol avec les petits des parents qui s'entrainaient à l'intérieur. L'entraineuse de gym aux bras puissants super tatoués est aussi serveuse chez Hanks, le bar à huitre d'à côté.
En sortant, l'entrée était pleine de monde car il y avait une cérémonie, tous étaient élégants, les femmes maquillées, chapeaux et talons hauts, les hommes en costumes avec des châles sur les épaules, et des rabbins qui lisaient des textes, mais je n'ai pas pu bien voir car un paravent occultait la porte vitrée de la salle habituellement utilisée pour la danse et les centres aérés.
Il y a en ce moment une expo de bandes dessinées de dessinatrices juives dans la salle à gauche de l'entrée. Les thèmes sont très personnels, la famille, les relations avec un père envahissant, la mère angoissée surprotectrice, la culpabilité, les névroses, une histoire d'amour dans l'armée israélienne avec un colonel super macho, le mariage avec un non juif (goy), pour résumer, les tensions entre la tradition, l'héritage culturel et la vie d'une jeune américaine d'aujourd'hui qui se pose beaucoup de questions. Woody Allen disait "les catholiques se confessent en privé, dans une boîte derrière un écran, nous le juifs nous préférons le faire en public, avec une audience".
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Service militaire en Israel (expo) |