Tuesday, October 30, 2012
La plus grande démocratie du monde
Je l'ai fait, j' ai envoyé à Obama 50 dollars pour sa campagne, et j'ai même incité mes amis à le faire car je pense que le monde entier est concerné par cette élection du 6 novembre.
Romney ici on l'appelle "flip-flop", c'est le bruit de la semelle des tongs qui monte et descend quand on marche. Car il dis une chose et son contraire selon les circonstances, n'hésitant pas à se contredire ni à mentir.
Je suis volontaire pour aider les démocrates dans cette campagne. J'ai suivi une formation pour aller le 6 novembre observer le déroulement des opérations en Virginie, un "swing state", c'est à dire un état qui peut faire basculer les résultats. Mais les observateurs des partis ne peuvent pas entrer dans le bureau de vote s'ils n'y sont pas inscrits comme électeurs, je trouve cela inutilement contraignant. Il parait que le gouverneur du Texas a menacé d'envoyer en prison les observateurs qui s'approcheraient des bureaux de votes, "on est des grands démocrates, on n'a pas besoin de vous". 51 systèmes électoraux différents, des élections organisées par les gouverneurs, donc par les partis, des règles qui changent au dernier moment, des mesures destinées à limiter les droits de vote des minorités latino et afro américaines, des charcutages de circonscriptions pour réduire le nombre de députés démocrates, un vrai festival d'irrégularités "légales", sans compter l'opacité des financements électoraux, la possibilité de faire des annonces mensongères à la télé sans aucun contrôle ni règle déontologique.
Notre copain Craig Unger vient de publier ici un livre "BOSS ROVE" (disponible sur Amazon) qui décortique le système de financement du parti républicain, le chef d'orchestre c'est Karl Rove, dont le rêve est de doter l'Amérique d'un parti unique, c'est lui aussi qui a fait gagner Bush en 2004, en détournant à son profit dans l'Ohio une partie des voix du démocrate John Kerry grâce à un système informatique bidouillé.
Je vais à l'Association des femmes démocrates, une belle maison du 18ème siècle, pleine de vieux meubles et de tableaux. Entourée de boiseries et portraits d'épouses des présidents démocrates, Jackie, Léonor, Roslyn, je téléphone à des électeurs de Virginie. Je suis étonnée que beaucoup me disent pour qui ils vont voter. S'ils me posent des questions, je suis équipée d'un argumentaire pour Obama.
Barack, Michelle et Jo Biden m'inondent chaque jour de demandes de financement et d'appels à l'aide.
Ils sont très bien organisés avec les réseaux sociaux, et leurs partisans sont très mobilisés. Ils ont peur, les deux candidats sont au coude à coude.
Le manque de pugnacité d'Obama lors du premier débat l'opposant à Mitt Romney a été amplement critiqué par tout le monde, les journalistes de la chaines MSNBC (démocrate) en sanglotaient presque en direct, tous les supporters étaient furieux et ce débat a occupé nos conversations pendant deux semaines. Obama, selon un journaliste de l'AFP qui vit depuis quatre ans dans son sillage à la Maison Blanche, a sous-estimé son adversaire, en "prenant de la hauteur". Résultat, il lui a cédé du terrain.
Mitt pratique l'intox sans aucun complexe. En réaction, des agences de "vérification des faits" se sont constituées pour démentir ses mensonges mais évidemment les gens n'entendent que la parole de celui qui a accès aux médias et à la pub grâce à ses millions.
Il trouve normal de ne payer que 13% d'impôts et d'avoir des comptes off shore. Est ce qu'ils pourraient imaginer les français d'élire un président qui planque son argent aux Iles Caymans, des paradis fiscaux pour fuir l'impôt? Il a aussi construit sa fortune en faisant comme Tapie, acheter des entreprises en difficulté, les démantibuler et les revendre en morceaux.
Avec lui l'Amérique va redevenir le leader du monde "we will lead again the world", est ce que l'Amérique va bombarder l'Iran ? Il est le candidat de Nétanyaou. Il a bien affirmé lors de son déplacement à Jerusalem que si les israéliens s'en sortent mieux que les palestiniens, c'est la preuve de la supériorité de leur culture.
Lors du second débat contre Obama, il a martelé qu'il fallait relancer tout azimut l'exploitation du pétrole, gaz et charbon, partout, en Alaska, pratiquer le cracking (faire exploser les couches géologiques pour chercher du gaz) tout cela évidemment sans JAMAIS mentionner les questions environnementales, la consommation énergivore des américains. Selon lui, c'est mieux pour l'économie et les emplois de consommer plus d'énergie. Il regrette que le prix de l'essence soit trop élevé, actuellement 4 dollars le gallon soit 1 dollar le litre, deux fois moins cher qu'en Europe. Il a insisté lors du second débat, sur le fait qu' "il faut qu'on soit indépendant au niveau énergétique comme cela on n'aura pas besoin d'aller (envahir) en Irak, ni (d'organiser un coup d'état) au Vénézuela.
Il va taper du poing sur la table pour que les chinois envahissent moins l'Amérique avec leurs produits, réévaluent le yen et il va faire revenir les emplois qui ont été délocalisés en Chine. Il me fait penser à Sarko "qui irait chercher les emplois avec les dents".
Les riches et les entreprises paieront encore moins d'impôts et cela va créer des emplois automatiquement. Pour réduire la dette fédérale, il va réduire au minimum les dépenses publiques et ce sera aux états d'assurer les investissements, éducation ou autre (mais beaucoup sont très endettés). La défense est le seul budget qui augmentera.
Et encore...
-il va nous rendre le "rêve américain", même si c'est évident que l'ascenseur social ne marche plus et que le rêve est réservé désormais aux riches, qui l'appuient et financent ses pub anti Obama dans les états clés.
- il dit qu'Obamacare va piquer l'argent du système de sécurité sociale pour le donner aux pauvres (noirs, latino etc).
- des républicains disent qu'il faut abolir l'avortement en toutes circonstances, même en cas de viol. Un sénateur a même déclaré que l'enfant né du viol est voulu par Dieu, des journalistes lui ont alors demandé si le viol, il est voulu par Dieu ? Mitt est loin d'être partisan du planning familial. Pourtant , avant d'être candidat il était plutôt libéral, Obama appelle cela la Romnesia.
-sa plus belle bourde aura été de dire qu'il n'était pas concerné par 47% des électeurs qualifiés d'assistés, les pauvres, les noirs, les latino et les femmes.
A ce propos on a entendu un sénateur républicain mentionner que la santé maternelle ne le concernait pas, ce n'était pas un sujet prioritaire pour l'Amérique. Mitt a aussi eu une formule élégante lors du second débat quand il a indiqué fièrement que, pour constituer son cabinet de gouverneur du Massachusset, il s'était adressé à des associations et qu'il a "des classeurs pleins de femmes". Sur la question de l'égalité des salaires, il n'a rien à dire mais qu'il faut accorder aux femmes plus de flexibilité d'emploi pour s'occuper de leurs enfants. Obama n'avait pas mieux à dire. J'ai l'impression qu'on retourne aux années 60.
Je ne savais pas que les étrangers en situation irrégulière peuvent entrer dans l'armée, et ont donc la possibilité de tuer et mourir pour leur pays. Mais quand tu quittes l'armée on te vire de l'Amérique. Obama veut changer cela et donner plus de droits.
Mais l'armée reste attractive pour ceux qui n'ont pas les moyens de payer leurs études. Quatre ans d'Afghanistan te paiera une bonne école.
A ce propos Mitt ne dit pas comment il va financer l'éducation, les bonnes écoles sont très chères et donc réservées à l'élite du pays.
Le changement de climat, personne n'en a parlé pendant cette élection. Heureusement que les informations fournies par les satellites meteo ont permis de prévenir la population, mais l'impact de Sandy révèle la vulnérabilité de modèle de développement urbain de la côte est où vivent 60 millions d'américains, entre la Caroline du Nord et le Massachusset : des villes construites au ras de l'eau, des lotissements sur les plages, sur des centaines de miles, des constructions et des infrastructures fragiles. C'est étonnant dans un pays si soucieux de la sécurité que les risques naturels soient si peu pris en compte alors que chaque année les cyclones se succèdent inexorablement et que tout le monde sait que cela va continuer. Il y a eu la Nouvelle Orléans et puis on n'a jamais tiré les leçons.
Le discours de désengagement de l'Etat de Mitt Romney ne va en tout cas pas dans ce sens.
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